The influential Le Monde published on November 11 an article concerning the Georgian billionaire-turned-politician Bidzina Ivanishili. The journal informs, on October 7 he announced his decision to establish a political party in Georgia. The text of the article in French without changes see below:
"Il est temps de repenser la politique de la Géorgie"
Un homme d'affaires établi et sans aucune expérience en politique n'y fait pas ses débuts à la légère. J'ai fait le choix de créer un mouvement politique en Géorgie car je suis très inquiet de l'autoritarisme rampant du gouvernement du président Mikheïl Saakashvili. Sa manière de penser et son comportement modelés sur le principe de l'Etat c'est moi, déséquilibrent la Géorgie et amoindrissent la capacité de mon pays à se réformer avec succès.
Si la société ne se stabilise pas grâce à des contre-pouvoirs, la Géorgie continuera sur la voie de l'isolement croissant et de l'appauvrissement. Si le parti majoritaire continue ainsi de s'accrocher au pouvoir au-delà des élections législatives d'octobre 2012, puis de l'élection présidentielle qui aura lieu un an plus tard, les réformes nécessaires ne verront toujours pas le jour et le pays sera ravagé par une instabilité politique et économique accrue. Après vingt ans d'indépendance agitée, la Géorgie ne peut se permettre une autre révolution.
Je crois fermement que les Géorgiens sont fin prêts pour un vrai débat politique. Nous sommes un peuple qui a la passion du débat et un désir fort de mettre notre pays dans une position prospère. Il est donc humiliant pour nous de voir que les principaux médias de notre pays sont tenus par le gouvernement et que la voie de l'opposition est étouffée.
De cette situation malsaine est née une culture de l'irresponsabilité des fonctionnaires gouvernementaux et une certaine opacité dans la conduite des affaires gouvernementales. Corruption et abus de pouvoir en sont les conséquences, et ce au détriment du peuple Géorgien.
Je suis sans cesse saisi par l'esprit d'entreprise qui anime les Géorgiens. Nous sommes largement perçus par nos voisins comme étant des hommes et des femmes d'affaires créatifs et capables.
Malgré les premiers changements positifs dus à la Révolution des Roses de 2003, dont le but était d'améliorer le monde des affaires et d'attirer les investissements, le PIB par habitant est dérisoire : 2629 dollars en 2010 alors que l‘Arménie et l'Ukraine sont devant nous.
En 2008, la Géorgie s'est embarquée dans une guerre contre la Russie perdue d'avance, et qui aurait pu être évitée. C'était une conséquence directe de ce système dysfonctionnel qu'est celui de la prise de décisions dans un gouvernement où tout le pouvoir est concentré entre les mains de Saakashvili. Nous en payons encore les conséquences aujourd'hui : perte de 20% de notre territoire et des relations commerciales gelées avec la Russie, alors qu'elle représentait un marché très important pour nos biens et nos services, tout en étant située juste à notre porte. Ce sombre épisode de notre histoire a également porté préjudice à nos relations avec nos partenaires occidentaux les plus importants qui estiment que la Géorgie a géré de manière irresponsable ses relations avec la Russie.
En bref, le potentiel de la Géorgie est gâché malgré les efforts vigoureux du gouvernement de se promouvoir auprès du monde extérieur comme un pays énergiquement réformiste. L'intolérance de Saakashvili envers l'opposition et son contrôle obsessionnel du pays inhibent notre dynamisme naturel et empêchent les citoyens Géorgiens mécontents de s'exprimer politiquement, ou même ouvertement dans un jardin public. Cela nous a conduits à vivre dans un climat de peur. La répression brutale de Mikheïl Saakashvili des manifestations anti-gouvernementales en novembre 2007 n'a pas été oubliée, et c'est ce qui m'a d'abord incité à percevoir de manière plus critique le gouvernement actuel.
Il est impératif que nous trouvions des manières de renforcer l'opposition et de promouvoir des élections libres et justes afin de permettre aux Géorgiens de faire des choix quant à l'avenir de leur pays et de rendre leurs dirigeants responsables. Cela requiert des réformes qui permettront aux partis d'opposition un plus grand accès aux médias nationaux ainsi que des modifications de la loi électorale afin de la rendre plus juste.
La réponse des autorités géorgiennes à l'annonce de mon entrée dans la vie politique a été totalement prédictive et trahit leur nervosité extrême quant à leur faculté à contrôler les évènements. Cinq jours plus tard, Mikheïl Saakashvili m'a retiré de manière unilatérale la citoyenneté géorgienne afin de m'empêcher de me présenter aux législatives. Je possède également les nationalités française et russe et j'ai proposé de renoncer aux deux. Il n'y avait aucune justification légale aux ordres de Mikheïl Saakashvili.
Le jour suivant, les autorités arrêtèrent un fourgon blindé avec de grosses sommes d'argent à l'intérieur, alors que celui-ci faisait sa livraison habituelle à Cartu Bank, banque que je possède. Puis ils ouvrirent une enquête criminelle sur la base de blanchiment d'argent. Comme on pouvait s'y attendre, ma banque est maintenant l'objet d'un audit de la part de la Banque centrale et des services de sécurité.
Au même moment, une campagne de harcèlement est en cours avec l'arrestation de certains amis de mes parents ainsi que de proches de mes employés. De manière prévisible, les médias contrôlés par le gouvernement ont commencé à m'attaquer sous le prétexte que j'ai des intérêts en Russie bien que j'ai quitté cette dernière il y a plus de neuf ans. Je me suis engagé à vendre tous mes intérêts commerciaux restants en Russie avant l'élection législative de 2012.
En réagissant de manière aussi exagérée, le gouvernement géorgien a encore fait un mauvais calcul et montré son vrai visage. Selon moi, c'est le signe que le parti au pouvoir sait que son contrôle des sièges au Parlement ne reflète en aucun cas le soutien véritable de la population.
Alors que mes frustrations ont augmenté avec la situation générée par la Révolution de 2003, j'ai pensé quitter le pays. J'ai décidé de rester car j'ai eu le sentiment qu'il était de mon devoir d'aider à ce que la Géorgie se retrouve sur la bonne voie. Les événements faisant suite à mon annonce ont confirmé la justesse de ma décision. En tant que Géorgien, je n'ai pas d'autre choix que de mon joindre à notre lutte pour un futur meilleur et plus libre.